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Arthur's Law

Publié le

L'une est acerbe, calculatrice et a un penchant certain pour l'embrouille en général. L'autre est plutôt sympa, loyale et flic. L'une, c'est Martha et l'autre, Muriel. Deux frangines à découvrir dans la très bonne série Arthur's Law.

 

 

Quatre heures et trente minutes de pur plaisir. C'est ce que j'ai ressenti en partageant la vie des (anti)-héro-ïne-s de cette fiction magistrale, le temps de six épisodes. Embarquée dans un merdier phénoménal avec chacun-e, comme à leur côté à essayer de s’en tirer, tant bien que mal. Surtout mal. Fatalement mal.

Flânant sur la page replay de Warner TV à la recherche d’un bon film, mes yeux se sont finalement arrêtés sur les dégaines brutes de décoffrage du couple Martha et Arthur Ahnepol, posant dans leur canapé pour un cliché reflétant d’entrée de jeu l’ambiance de leur vie conjugale. Et j’ai cliqué. Parfois ça se joue à peu de choses les bonnes décisions. Ces deux là nous montrent à quel point les mauvaises aussi. Le titre de la série fait le parallèle avec la loi de Murphy, qui signifie de façon simplifiée : « Si ce qu’on s’apprête à faire peut mal se passer, alors ça se passera mal ». A y regarder de plus près, le déroulé s’apparente plutôt à l’extension qu’est la Loi de l’Emmerdement Maximum. En gros : quand quelque-chose tourne mal, ça risque tout-de-suite après de tourner plus mal encore.

Pour résumer : Martha ((Martina Gedeck) et Arthur Ahnepol (Jan Josef Liefers) vivent une existence morne et plutôt précaire dans une petite ville allemande. Elle est autoritaire et lui résigné. Petit-à-petit, on rentre dans la vie quotidienne de ce couple qui n’en forme pas un au fond. On vit les jours vides de Martha, qui passe son temps à fumer ou à acheter des gadgets pour la maison, quand elle ne rabaisse pas sa sœur d'un pic froidement asséné. Et on suit Arthur dans ses péripéties pour trouver du travail. Mais le jour où, dépité après que son odieuse conseillère pour l’Emploi l’ait mis plus bat que terre, Arthur pousse la porte d’un bar peu recommandable : tout bascule.

Si la série est captivante, c’est entre autres parce que les personnalités des protagonistes et l’atmosphère générale sont très biens vus, que c’est incroyablement drôle en même tant que glauque, que le scenario est subtil et les actrices-acteurs doué-e-s (rien que ça). Mais c’est peut-être aussi au préalable parce que je n’avais pas vu sa bande-annonce (visionnée depuis, ça en dit beaucoup trop) et que je n’avais lu que trois lignes de synopsis. Les surprises sont donc restées entières. C’est en tous cas une série dont on ne peut pas trop dévoiler l’histoire dans le cadre d’une chronique car il serait bien trop tentant de rentrer dans les détails, qui sont une des richesses principales de la montée crescendo vers les choses sérieuses. Arthur's Law est qualifiée de comédie dramatique quand Breaking Bad est un drame; malgré tout, j’y ai vu une certaine ressemblance dans la façon de semer des éléments de prime abord anodins qui jouent finalement un rôle décisif. En termes de fusils de Tchekhov, on est servi. Il y a également, comme dans Breaking Bad, des plans de camera nous plaçant par exemple à l'intérieur d'un micro-ondes qui tourne, découvrant d'un coup la tête de la personne qui l'ouvre. Peut-être un hommage ? J'ai également fait le parallèle avec les attitudes que l’on croit ancrées chez les personnages, mais qui vacillent au fur et à mesure que ça merde. Un genre de Breaking Bad version allemande, accélérée, avec une famille de cassos loufoque en toile de fond, et dont les membres se détestent.

Dans cet esprit, Arthur’s Law pourrait également rappeler l’excellente série My name is Earl, dans laquelle le narrateur, anti-héros de haute volée, cherche à rattraper ses erreurs passées. A la différence qu'ici, on n'est pas à Hollywood et que rien ne résout rien. J'ajoute que pour le côté succulent des tombées des nues successives des personnages sous l’effet de réactions en chaînes qu’ils ne souhaitaient pas, j’ai également pu penser au très drôle « Tucker & Dale fightent le mal ».

 Saluons pour terminer que la série trace le portrait de femmes totalement différentes les unes des autres (et qui ne sont pas forcément les gentilles de l'histoire) avec des actrices de choc, dont l’époustouflante Martina Gedeck, capable de jouer plus d'un rôle et de nous bluffer du début à la fin. Chez elle, rien n'est édulcoré, et c'est une petite bouffée d'oxygène de voir un personnage de femme dans toute sa véracité et sa crudité quotidiennes.

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